Actualités, Uncategorized

VERMONT : LES POLITIQUES EN TRANSPORT ET SUR LE CLIMAT – SÉMINAIRE JCCTRP

5/5 | Retour sur les cinq conférences du Séminaire public sur les politiques en transport et sur le climat JCCTRP, qui avait lieu le 2 novembre 2017, à Polytechnique Montréal. Ce séminaire était organisé dans le cadre de l’atelier du Joint Clean Climate Transport Research Partnership (JCCTRP).

JENNIFER WALLACE-BRODEUR – LES POLITIQUES EN TRANSPORT ET SUR LE CLIMAT AU VERMONT

Le Vermont ne fait pas exception. Ici aussi, c’est le secteur des transports qui est le plus grand émetteur, avec 56% des émissions en 2013. « Le Vermont ne se défilera pas. Des obligations climatiques incombent aux États-Unis et nous allons assumer notre part de responsabilités. », annonce d’entrée de jeu Jennifer Wallace-Brodeur, directrice de la section Efficacité en transport chez Vermont Energy Investment Corporation.

En réponse à l’intention de Trump de se retirer de l’Accord de Paris, le gouverneur Phil Scott annonçait l’été dernier la création du groupe de travail « Climate Action Commission ». Cette Commission travaillera sur un plan d’action, en vue de consolider les ambitieux objectifs climatiques et économiques du Vermont.

L’engagement en la matière remonte toutefois à plus loin. En 2006, une loi visant la réduction des GES était adoptée, avec l’objectif de réduire les émissions de 50%, par rapport au niveau de 1990, d’ici 2028. Un objectif désormais placé à 75%, en vue de 2050.

Réduire la consommation de combustibles fossiles
En vertu d’une disposition de la norme d’énergie renouvelable (Renewable Energy Standard), les fournisseurs d’électricité au détail ont été tenus, en 2015, de soutenir des projets de transformation d’énergie équivalents à 2% de leurs ventes annuelles d’électricité, avant le 1er janvier 2017. Cette disposition visant à réduire la consommation de combustibles fossiles a stimulé un engagement intéressant des services publics dans les projets de transport, particulièrement sur le plan de l’électrification.

À Burlington, un projet pilote d’autobus électriques est étudié afin de remplacer la flotte d’autobus au diesel. Des rabais à l’achat de véhicules électriques ont également été mis en place dans la ville. Autant d’initiatives qui devraient se multiplier prochainement, car l’exigence de transformation d’énergie a été élevée à 12% pour 2032.

Favoriser l’essor des véhicules électriques
Aux côtés de plusieurs États, le Vermont a signé le protocole d’entente Zero Emission Vehicle (ZEV) pour accélérer la progression du marché des véhicules électriques et soutenir le déploiement des infrastructures requises. À cet effet, le Vermont détient déjà le plus grand nombre de véhicules électriques ainsi que le plus grand nombre de stations de recharge par habitant, aux États-Unis. C’est que, comme en Ontario, un programme d’encouragement d’adoption des véhicules électriques a été mis en œuvre. Sensibilisation, éducation, déploiement des infrastructures publiques, voilà autant de combats que mènent la Vermont Energy Investment Corporation, financée non pas par l’État, mais par un organisme à but non lucratif. Des efforts qui portent fruits, à en juger par les taux d’adoption des véhicules électriques qui grimpent chaque trimestre. D’autres mesures concrètes voient aussi le jour au Vermont. Notons par exemple l’association avec le fabricant québécois d’autobus scolaires électriques Lion. Depuis l’an dernier, une flotte de véhicules jaunes fait l’objet de tests dans trois districts scolaires vermontois. Devant le bilan positif de cette expérience, l’objectif est maintenant d’étendre ce service à plus grande échelle. « La combinaison est géniale : on travaille à la fois sur l’efficacité du véhicule, tout en capitalisant sur le transport collectif », fait valoir Mme Wallace-Brodeur. Mais tout ne roule pas à la vitesse grand V. Après avoir injecté beaucoup de fonds dans les services publics de recharge de véhicules électriques, l’entreprise Green Mountain Power a retiré ses investissements puisque les utilisateurs n’étaient pas au rendez-vous. « L’éternelle question de l’œuf ou de la poule prévaut partout au pays », commente Mme Wallace-Brodeur. Elle demeure toutefois optimiste, puisque l’État devrait dévoiler dans les prochains mois un plan visant à combler les principales lacunes pour la charge rapide. Ultimement, tous les citoyens devraient avoir accès à une borne de recharge rapide, dans un rayon de moins de 50 kilomètres.

Une mobilité pour tous
Le gouverneur du Vermont a fait de la qualité de vie des plus vulnérables un thème central de sa plateforme politique. Le territoire dont il tient les commandes étant surtout rural et caractérisé par un faible niveau de revenu, ce dernier s’est engagé à examiner le problème de la mobilité d’un point de vue humain.  C’est d’ailleurs dans cette optique que l’équipe de Mme Wallace-Brodeur a réalisé une analyse portant sur l’impact du transport sur le budget des ménages. Résultat : les besoins en mobilité grugent une importante partie des budgets familiaux, ce qui crée un déséquilibre dans les dépenses. L’objectif est ici de viser une justice sociale et une activité économique plus saine, en favorisant l’accessibilité des divers modes de transports pour tous. Pour aborder le défi de la mobilité, l’urbanisme est aussi un instrument à ne pas négliger. Ainsi, des stratégies liées à l’utilisation des terres se retrouvent au cœur du plan énergétique global de l’État. L’utilisation compacte des terrains à vocation mixte est privilégiée. De même, une politique exige que les besoins de tous les usagers de la route soient pris en compte. Toutes les interventions de mises à niveau ou de réparations ainsi que tous les nouveaux projets routiers sont soumis à des normes d’accessibilité et de sécurité. « Pouvoir déplacer le plus grand nombre de voitures, et ce, le plus rapidement possible, voilà une aspiration dépassée des ingénieurs de la circulation. Heureusement, cette mentalité tend à disparaître au Vermont », se réjouit la conférencière.
D’autre part, c’est bien connu, le niveau de santé de la population du Vermont est enviable. La santé, corde sensible des Vermontois, s’est même révélé un facteur clé dans le développement de la culture du transport actif. Devenus un chaînon important de la transition là-bas, les modes de transport tels que la marche et le vélo ont grandement été encouragés, surtout pour contrer l’obésité. Quant à l’argument de la pollution de l’air, il résonne encore bien peu là-bas. La pénétration de marché des solutions de covoiturage, telles que UBER ou LIFT, demeure aussi difficile. Le Vermont étant vaste et la population étant dispersée, il faudra encore du temps pour modifier les comportements à ce chapitre.

Le règlement de Volkswagen : un levier pour la transition?
« Nous sommes très attentifs à la mise en œuvre du règlement de Volkswagen. Volks a triché et maintenant ils paient. » À la suite de l’entente qui a été conclue, les États obtiennent une allocation variable en fonction du nombre de véhicules vendus sur leur territoire. Au Vermont, environ 18,7 M$ seront versés en compensation, montant tout à fait considérable pour un État de cette taille. « Nous espérons que l’État élaborera un plan qui misera sur le développement technologique des véhicules électriques, en particulier au profit des autobus scolaires et du transport collectif. », un souhait qu’émet la conférencière pour la suite des choses.

20/11/2017