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RAPPORT : VERS UN CANADA CARBONEUTRE

Publié le 8 février 2021 par l’Institut canadien pour des choix climatiques (ICCC), le rapport intitulé Vers un Canada carboneutre : s’inscrire dans la transition globale fournit la première analyse en profondeur des scénarios permettant au pays d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Non seulement le rapport conclut que l’objectif est réaliste, mais il montre que le Canada peut miser sur ses avantages uniques pour y parvenir. Toutefois, la réussite est entre les mains des gouvernements et des entreprises, qui devront déployer des solutions déjà disponibles tout en composant habilement avec une incertitude inévitable.

L’équipe de l’IET entretient des liens étroits avec l’ICCC, son directeur scientifique (Normand Mousseau) siégeant sur le conseil d’administration et son directeur exécutif (Louis Beaumier) sur le comité d’experts sur l’atténuation.

Pour atteindre la carboneutralité, il faudra passer à des technologies et des systèmes énergétiques qui affichent un bilan carbone nul et retirer de l’atmosphère les émissions restantes pour les stocker de manière permanente. Pour évaluer quelle combinaison de politiques et de technologies pourrait permettre au Canada d’atteindre son objectif en 30 ans, l’Institut a analysé plus de 60 scénarios de modélisation en plus de mener d’autres recherches et de consulter des experts en politiques et des acteurs de l’industrie, du secteur public et de la société civile.

Le juste équilibre entre valeurs sûres et paris risqués
Selon le rapport, pour réussir à bâtir une économie carboneutre prospère, le Canada doit mettre en œuvre deux types de solutions climatiques : les « valeurs sûres » et les « paris risqués ».

Les valeurs sûres – véhicules électriques, thermopompes et réseaux intelligents – sont des technologies déjà commercialisées et rentables qui ont le potentiel d’induire au moins les deux tiers des réductions d’émissions requises pour atteindre les objectifs climatiques du Canada pour 2030. L’atteinte des cibles climatiques nationales de 2030 et de 2050 passe par le déploiement massif de ces solutions dans les entreprises, les administrations publiques et les ménages d’un océan à l’autre. Pour y arriver, il faudra graduellement resserrer les politiques.

Mais la réussite repose aussi sur des paris risqués, des technologies émergentes audacieuses, mais fort prometteuses comme les biocarburants de deuxième génération, l’hydrogène propre et certains types de technologies à émissions négatives qui ne sont pas encore sur le marché. La viabilité de ces solutions émergentes pourrait entraîner d’importantes réductions d’émissions entre 2030 et 2050 – et ouvrir d’intéressantes avenues d’exportation pour répondre à la demande croissante de technologies sobres en carbone et d’expertise en la matière. Pour déployer le plein potentiel de ces solutions, il faut également prendre dès maintenant des mesures – soutien de projets pilotes, recherche et développement, incitatifs fiscaux – pour en favoriser la viabilité.

Opérer des choix forts et décisifs malgré un contexte incertain
Alors que de grandes économies comme la Chine et l’Union européenne ont déjà commencé leur transition vers la carboneutralité, les systèmes énergétiques et l’économie du Canada doivent leur emboîter le pas sous peine de subir des pressions concurrentielles et de perdre des parts de marchés. Ces risques sont encore plus évidents depuis le changement de cap des États-Unis, le premier partenaire commercial du Canada, où l’administration Biden prévoit des investissements massifs dans l’énergie propre et s’engage à atteindre la carboneutralité d’ici 2050 au plus tard.

Selon le rapport, au cours des prochaines décennies, des forces qui échappent au contrôle du Canada constitueront probablement le principal facteur de changements structurels au sein de l’économie et des systèmes énergétiques du pays. Ces forces comprennent non seulement l’adoption de politiques climatiques par d’autres pays, mais aussi la dynamique du marché pétrolier mondial et l’évolution des marchés et des préférences des investisseurs. La recherche conclut que pour générer des possibilités de conversion et d’adaptation, le Canada doit miser simultanément sur les avantages des deux types de solutions.

Pour que le Canada atteigne son objectif de 2050, les décideurs doivent poser des actions concrètes malgré l’incertitude. Pour le déploiement des valeurs sûres, les gouvernements doivent continuer à resserrer graduellement certaines politiques, comme la tarification du carbone et les règlements flexibles. Quant au progrès des paris risqués, il dépend plutôt de la diversification : il faut soutenir un éventail de technologies émergentes sans toutefois retarder le progrès des valeurs sûres dans la prochaine décennie, qui sera cruciale.

CITATIONS
« La carboneutralité d’ici 2050, ce serait tout un exploit, mais c’est faisable. Pour assurer la prospérité sur la voie de la carboneutralité, les acteurs des secteurs public et privé doivent composer avec les changements complexes de notre paysage politique et énergétique tout en posant des actions concrètes sur la base des solutions et des informations dont ils disposent déjà. Le Canada dispose d’avantages importants par rapport aux autres pays, mais étant donné les bouleversements technologiques et les transitions des marchés mondiaux qui nous guettent, les décideurs devront gérer l’incertitude tout en s’adaptant pour saisir les nouvelles possibilités.”
– Kathy Bardswick, présidente, Institut canadien pour des choix climatiques
« L’incertitude est inévitable sur la voie de la carboneutralité, mais ce n’est pas une raison pour remettre l’objectif à plus tard. Nous connaissons déjà plusieurs des solutions qui seront au cœur de la réduction des émissions dans la prochaine décennie : véhicules électriques, bâtiments plus efficaces, électricité propre (éolien, solaire). Toutes constituent des valeurs sûres. Le Canada a tout avantage et peu de risque à déployer rapidement ces solutions. Au même moment, il devra diversifier son portefeuille de paris risqués pour augmenter les probabilités que certaines d’entre elles se révèlent viables lorsque nous en aurons besoin.
– Jason Dion, directeur, Atténuation, Institut canadien pour des choix climatiques

Source
Pierre Verrière

08/02/2021