Le gouvernement fédéral canadien consent des efforts limités pour établir des perspectives énergétiques pertinentes. Parallèlement, des inquiétudes sont soulevées en ce qui concerne la transparence des analyses commandées à des sociétés d’experts-conseils ayant le mandat de réaliser une grande partie de la modélisation des systèmes énergétiques au Canada. Voilà des constats inquiétants qui se dégagent d’un livre blanc produit par l’Institut de l’énergie Trottier en collaboration avec l’IQcarbone. Intitulé «Pour une initiative permanente de modélisation des systèmes énergétiques canadiens», ce document presse l’administration publique d’agir.
En vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) responsables des changements climatiques, la modélisation des systèmes énergétiques joue un rôle clé. Elle est à la fois un moyen de comprendre les changements qui se produisent et un instrument d’analyse des différentes mesures politiques envisagées.
Or, grâce à l’étude des modèles d’opération du Royaume-Uni, de la Suède, du gouvernement fédéral des États-Unis et de la Californie, ainsi qu’à la mise à l’examen du contexte canadien, le présent document propose des pistes de solutions. Il relève en effet quatre principes clés à respecter pour assurer la production d’informations pertinentes : la transparence, la confiance, la durabilité ainsi que l’arrimage clair aux politiques. C’est donc dire que, pour qu’elles se transforment en outil prospectif profitable, les activités de modélisation de l’énergie doivent être ouvertement discutées, validées et comparées, régulièrement améliorées, et ultimement, soutenues par un cadre institutionnel liant modélisation et décisions politiques.
Par ailleurs, afin de prendre en compte efficacement les liens qui existent entre l’énergie et les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), les décideurs publics ne doivent pas négliger deux principales conditions de succès. D’abord, un financement permanent et prévisible à long terme pour le développement, la maintenance et le fonctionnement d’une diversité de modèles de systèmes énergétiques. Puis, un cadre national qui favoriserait une approche systémique, en permettant aux spécialistes de travailler ensemble, tout en dialoguant avec les gouvernements et le grand public, à l’atteinte des objectifs énergétiques et climatiques.
« Basé sur les meilleures pratiques internationales, ce livre blanc constitue un plaidoyer en faveur de la mise en place d’une initiative permanente de modélisation des systèmes énergétiques canadiens. Grâce aux constats et aux pistes de solutions explorées, nous espérons que ce document servira d’outil de réflexion pour nos dirigeants, afin qu’ils intègrent une modélisation fiable de l’énergie dans l’élaboration des politiques canadiennes. », a résumé Normand Mousseau, directeur académique de l’Institut de l’énergie Trottier.