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LE QUÉBEC A RENDEZ-VOUS AVEC LA CARBONEUTRALITÉ : L’IET DÉFINIT LES TRAJECTOIRES POUR Y ARRIVER

Pour s’assurer d’honorer notre rendez-vous collectif avec la carboneutralité, l’Institut de l’énergie Trottier (IET) de Polytechnique Montréal publie aujourd’hui le rapport « Plan pour la carboneutralité au Québec : trajectoires 2050 et propositions d’actions à court terme ». Le Plan présente une analyse de trajectoires de décarbonation basée sur les Perspectives énergétiques canadiennes 2021 de même qu’un ensemble de propositions, secteur par secteur, visant à renforcer l’action climatique québécoise. Pour ce faire, l’IET s’appuie sur des données probantes, issues d’un exercice de modélisation d’une profondeur incomparable au pays, et plusieurs années de travail et de collaboration en matière de transition énergétique.

La cible 2030 sera ratée
Puisque les actions inscrites au « Plan pour une économie verte » du gouvernement du Québec sont largement insuffisantes pour espérer atteindre l’objectif provincial de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) de 37,5 % sous le niveau de 1990, d’ici 2030, les auteurs concluent que le temps manque pour 2030 et que le Québec pourrait, au mieux – avec des mesures d’une vigueur fortement rehaussée – arriver à réduire ses émissions globales de 25 à 30 % au cours des huit prochaines années.

« C’est devenu banal de ne pas respecter nos cibles. Il s’agit pourtant d’une obligation légale. Or, quelles sont les conséquences suite à nos ratés? Ce que l’IET propose c’est de réinjecter de la rigueur dans la démarche afin que la société québécoise participe réellement à freiner le réchauffement planétaire. », soutient Normand Mousseau, directeur scientifique de l’IET de Polytechnique Montréal et co-auteur du rapport.

La carboneutralité encore possible pour 2050
Le rapport de l’IET est clair : en plus de rater les cibles pour 2030, le plan actuel du gouvernement du Québec ne réussit pas à induire l’ensemble des transformations nécessaires pour nous mener vers la carboneutralité en 2050.

Le plan de l’IET vise donc à renverser la tendance par des propositions ciblées. Simon Langlois-Bertrand, chercheur à l’IET de Polytechnique Montréal et co-auteur du rapport mentionne : « Il n’est pas trop tard pour déployer des transformations profondes qui placeront le Québec sur une trajectoire crédible vers la carboneutralité. Nous espérons pouvoir contribuer à réajuster les politiques et les investissements du Québec en proposant des scénarios de décarbonation plus efficaces. »

Ainsi, le rapport publié aujourd’hui constitue un point de départ cohérent pour mettre le cap sur la carboneutralité en 2050, tout en signant le plus de gains possibles pour 2030. L’objectif étant de neutraliser les émissions carbone, sans pour autant orienter le Québec vers l’insolvabilité, les scénarios retenus devront optimiser autant que possible le ratio :  coût de l’initiative / tonne de COévitée.

Les secteurs-clés couverts par le rapport sont les suivants : transports, bâtiments, industrie, agriculture, biomasse et déchets, électricité, changements de comportements, gouvernance.

Quelques exemples de mesures proposées (au-delà des mesures déjà annoncées par le gouvernement du Québec) :

Transports (44 % des émissions en 2019)

  • Atteindre un plateau pour le nombre total de véhicules en circulation au Québec par une amélioration des incitatifs pour les modes de transport autres que l’auto solo.
  • Adopter d’ici 2025 un échéancier pour la décarbonation du transport des marchandises et du transport commercial (hors transport lourd) incluant des contraintes sectorielles.

Bâtiments (10 % des émissions en 2019)

  • À compter de 2023, interdire les options énergétiques fossiles pour le chauffage des bâtiments neufs et pour les bâtiments existants changeant de source énergétique.
  • Imposer une gestion carboneutre de la demande de pointe hivernale pour les bâtiments commerciaux et multilogements neufs ou rénovés afin de réduire l’impact sur la demande en électricité.

Industrie (29 % des émissions en 2019)

  • Adopter d’ici 2025 un code thermique zéro émission pour les applications industrielles à chaleur faible ou moyenne.
  • Établir une feuille de route visant expressément la décarbonation de tous les grands procédés industriels avec des horizons de réduction définis.

Agriculture (10 % des émissions en 2019)

  • D’ici 2025, avoir mis au point une feuille de route visant la décarbonation des émissions non énergétiques du secteur, y compris pour après 2030.
  • Transformer les subventions à l’utilisation des combustibles fossiles en subventions soutenant la décarbonation du secteur.

Biomasse et déchets (7 % des émissions en 2019)

  • Adopter une feuille de route avec des cibles de valorisation des déchets d’ici 2023.
  • Soutenir le développement de l’utilisation de bioénergie avec captage et séquestration du carbone (BECSC) pour les activités à émissions négatives.

Électricité

  • Financer la modernisation des infrastructures de transport et de distribution pour répondre à l’évolution anticipée des schémas de la demande.
  • Élaborer un plan d’expansion des approvisionnements à long terme, pour devancer l’augmentation anticipée de la demande et assurer l’atteinte des cibles de décarbonation des autres secteurs pour 2035 et 2040.

Changements de comportements

Puisque seulement 26 % des émissions sont directement sous le contrôle des citoyennes et citoyens, il est essentiel de mettre en place des mesures structurelles pour faciliter, orienter, encadrer ou limiter certains choix citoyens.

  • Soutenir l’efficacité énergétique dans le bâtiment résidentiel et locatif pour contrer les barrières connues et documentées à celle-ci.
  • Imposer un aménagement du territoire compatible avec la carboneutralité et le développement durable (réglementation à l’horizon 2025).

 

Consulter le rapport.

08/06/2022