Nouveaux pipelines: retour vers le futur

En entrevue ce mercredi sur Radio-Canada en tandem avec Geneviève Tellier, professeure à l'Université d'Ottawa, Normand Mousseau commentait sur l'évocation par le Premier Ministre Mark Carney de la relance des projets de pipelines au Canada. Selon Normand Mousseau, à défaut d'avoir sur la table des projets crédibles capables de nous faire avancer, "on se retourne vers des vieux projets qui sont largement dépassés aujourd'hui". Soulignant que ce type de projet est mis de l'avant suite à la volonté de l'industrie d'augmenter la production de pétrole, il rappelle que "le Canada a une loi qui impose [qu'en 2035], les nouveaux véhicules soient tous électriques" et que par conséquent "ce n'est pas vrai qu'on va dépendre de l'essence en quantité éternellement: on a déjà planifié une réduction significative de la demande en essence au Canada".

Nous ne sommes pas seuls non plus dans cette démarche, étant donné que "l'Europe a des scénarios similaires" et que d'une façon globale, "il y a une réalité qui est que la demande en pétrole va diminuer" car "les meilleurs véhicules disponibles aujourd'hui, et les moins chers, ce sont des véhicules électriques avec 500 km d'autonomie". À cet égard, la Chine a pris de l'avance sur le reste du monde et est aujourd'hui la mieux placée pour revendiquer le statut de "superpuissance énergétique" que M. Carney voudrait voir le Canada endosser. Comme le souligne d’ailleurs Geneviève Tellier, "c’est quoi une superpuissance énergétique au 21e siècle ? Ce n’est certainement pas la même chose qu’au 20e siècle".

Au lieu de se précipiter pour "absolument faire quelque chose", la professeure recommande de "prendre le temps de la réflexion" pour considérer les impacts à long terme de ces projets. Ce sont en effet "des investissements qui vont être là pour les trente, quarante, cinquante et même plus, prochaines années". Dans cette perspective, il semble pas mal approprié de se poser la question de ce qu’on va "léguer aux générations futures en termes environnementaux, en termes de coûts" aussi.

Plutôt que de retomber dans les vieux réflexes et de dépoussiérer des projets coûteux qui n’apporteront aucune vraie retombée économique, Normand Mousseau propose de "moderniser notre économie pour être compétitifs dans un monde qui, lui, sera de moins en moins dépendant du pétrole."

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